Une collègue qui n’a pas froid aux yeux
Récemment, lors d’un déjeuner avec des collègues de travail (pas du Toronto Herald), j’ai failli m’étouffer. Non pas parce que quelque chose était coincé dans ma gorge, mais à cause de ce que disait mon collègue de travail. Nous étions huit à la table commune, y compris notre patron. Et soudain, entre deux discussions de travail, ma collègue a commencé à raconter les détails de son dernier rendez-vous. Son récit regorgeait de détails étonnants.
Elle décrivait et démontrait de façon imagée la taille et les caractéristiques de la virilité de son partenaire. Elle se plaignait beaucoup du fait qu’il embrassait mal et elle expliquait en détail ce qui n’allait pas dans ses baisers. Elle le faisait avec tant de plaisir et d’enthousiasme, comme si ces conversations au travail n’avaient rien de particulier. Je dois ajouter que ce n’était pas la première fois que de telles conversations confessionnelles avaient lieu à mon travail. Mais ne croyez pas que je travaille dans un bureau de pervers. Non, ce n’est pas le cas. Je travaille pour l’une des plus grandes entreprises du Canada.
Le friend with benefits est à la mode
J’ai observé que de nombreux Canadiens ont ce genre de conversations, souvent en présence d’étrangers. Récemment, une de mes connaissances moins proches a soudain décidé, au beau milieu d’une fête, de raconter en public et dans les moindres détails les relations sexuelles qu’ils avaient eues un jour. Les circonstances de l’histoire remontent à six ans, alors qu’ils sortaient ensemble. Après avoir rompu, ils ont continué à coucher ensemble. Ils appellent ça friends with benefits, ce qui peut se traduire par amants sans obligations.
Et ils ne cachaient à personne qu’ils ne se rencontrent que pour le plaisir sexuel. Bien sûr, qui et comment ils couchent, c’est leur affaire. Et, pour être honnête, dans ces moments-là, je pense souvent à la phrase de Samantha dans Sex and the City : « À moins d’être marié, le monde entier est un buffet ». Il n’en reste pas moins que les actes et les paroles sont des choses très différentes.
Parler librement de sexe
Je n’ai jamais vu, en dehors du Canada, une telle abondance de discussions sur le sexe et autant de gens qui crient à quel point tous les autres les désirent et à quel point ils sont créatifs dans leurs plaisirs sexuels. Je n’ai jamais vu non plus de statistiques aussi optimistes indiquant les plus hauts niveaux de satisfaction de leur vie sexuelle. Par exemple, croiriez-vous que la moitié des habitants de Toronto ont des rapports sexuels tous les jours ou tous les deux jours ? Ce sont les chiffres d’une enquête menée l’hiver dernier par le magazine Toronto Life. Ici, même moi, une jeune fille sexy et prospère, je ne fais pas l’amour aussi souvent.
Ou encore une statistique tirée du même sondage: 28% des personnes interrogées ont déclaré avoir utilisé le bureau pour des relations charnelles au moins une fois. Cela signifie que parmi les personnes assises à la table du déjeuner que j’ai mentionnée au début, une sur deux ou trois sur huit ont eu des relations sexuelles dans notre bureau . Voilà le niveau d’invraisemblance dont je parle. Vous pouvez essayer de faire des rencontres sur les sites de rencontre au Québec.
Parler de ses fantasmes peut être libérateur
Et la question se poss. Toutes ces histoires de plaisirs sexuels sont-elles un indicateur de liberté intérieure ou une manifestation d’une vie sexuelle plutôt incomplète ou quelque chose d’autre ? Il me semble que cela ressemble beaucoup au comportement des hommes qui ont certains problèmes de puissance. Bien que cela ne me soit pas arrivé personnellement, j’entends régulièrement mes amis raconter que tel ou tel homme s’est avéré ne pas être tout à fait complet au lit. Bien entendu, les Canadiens n’en parlent généralement qu’à leur propre psychanalyste, et non à leurs amis méconnus.
Les diverses descriptions des préférences sexuelles et des fantasmes ne sont pas non plus destinées à un nombre limité d’auditeurs. Elles s’adressent généralement à des partenaires potentiels sur les sites au Canada. Dans ce cas, une attitude ouverte à l’égard de la sexualité est probablement le signe d’une liberté intérieure ou d’un désir profond. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut parler de ses désirs sans honte. Mais qu’est-ce qui pousse mes collègues et les personnes que je ne connais pas à partager de tels détails ? Mes collègues ne pensent pas qu’après avoir écouté leurs histoires, je me jetterai dans leurs bras, n’est-ce pas ?
Des conversations sexuelles comme pensées positives
Il semble que la réponse au sujet des discussions franches et publiques sur la sexualité doive être recherchée sur un plan légèrement différent. Beaucoup de mes amis canadiens suivent presque religieusement la théorie des intentions optimistes, à savoir la pensée positive comme moyen de réaliser ses désirs. Et on peut souvent supposer que toutes ces conversations ne parlent pas du passé mais de l’avenir. Dans certains cas, il s’agit d’un avenir très lointain.
En général, les particularités locales, à mon avis, ne résident pas dans le fait que les Canadiens ont plus de désirs sexuels que les Russes, les Ukrainiens ou les Israéliens. Mais dans le fait que dans cette société, il y a moins de préjugés et qu’il est donc plus facile de respirer, de parler et de vivre comme on l’entend sans craindre d’être jugé. Cela signifie qu’une attitude calme face à de telles conversations est une sorte d’indicateur d’une adaptation réussie à la vie tolérante locale. J’apprends donc maintenant à ne pas tousser pendant ces conversations. Mais seulement à écouter mes interlocuteurs. Jusqu’à présent, j’ai réussi à le faire les yeux grands ouverts.