Les personnes transgenres sont habitées par des doutes si profonds qu’elles se cherchent sexuellement et émotionnellement, mais surtout humainement. Un voyage initiatique débute alors pour trouver une identité propre qui se termine souvent par l’acceptation que le sexe opposé à celui de la naissance en est la solution. Voici un témoignage qui relate ce chemin parcouru. Entre doutes et vérités, un voyage personnel qui se fait fi des préjugés.
Le jour où les doutes se font sentir
A l’école, il m’arrivait de m’habiller en secret et d’agir comme une femme. Je me suis alors demandé à maintes reprises si j’étais gay. Les filles m’ont pourtant toujours attirées et j’ai même eu une petite copine à un moment donné. Mais aucune autre explication n’avait vraiment de sens, rien n’y faisait. Alors j’ai décidé de tenter une expérience. J’ai choisi le premier garçon autour de moi et j’ai essayé d’imaginer ce que je pourrais ressentir en l’embrassant.
L’expérience s’est terminée avant même d’avoir commencé. A peine mes lèvres ont touché mentalement ses lèvres que j’ai ressenti une émotion immédiate de répulsion, comme un sentiment de panique et de repli. Dieu merci, je n’étais pas gay.
Mais maintenant, avec un certain recul, je me demande si c’est bien de la répulsion que j’ai ressenti. N’était-ce pas plutôt de la peur ? La peur d’un adolescent qui ne comprenait pas ce sentiment de chaleur et de picotement que j’éprouve aujourd’hui quand j’imagine embrasser des hommes. A vrai dire, je ne me souviens que d’une vague réaction viscérale que cela a provoquée. Quoi que j’aie pu ressentir à ce moment-là, ce n’était pas seulement un désintérêt passif, c’était un rejet actif.
Les années passant, l’idée d’être gay n’est jamais réapparue. Je suis sorti avec des filles. Je fantasmais sur les filles. J’ai aussi fantasmé sur le fait d’être une fille. Mais les hommes n’étaient pas dans mes pensées de manière sexuelle. Je n’ai jamais regardé secrètement du porno gay. J’étais entourée d’hommes dans ma vie de tous les jours, mais aucun d’entre eux ne m’intéressait.
« Pour la plupart d’entre nous, notre identité de genre est en concordance parfaite avec notre identité sociale. Quand les deux concepts ne collent pas, ça peut créer une certaine souffrance.«
Anne, mère d‘un transgenre
Le jour où j’ai décidé d’agir
Un jour, j’ai commencé à prendre des œstrogènes. Après quelques mois de traitement hormonal, je ressentais d’étranges picotements à l’idée être traitée comme une femme. Ça s’amplifiait même lorsque je pensais au sexe et à l’intimité. Les mois passants, cette sensation s’est intensifiée à mesure que mes partenaires, sans genre sexuel, devenaient de plus en plus masculins.
J’ai réalisé que cette sensation de picotement était quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant pour des femmes. Était-ce dû aux œstrogènes ou plutôt que je n’avais jamais vraiment été excitée par les femmes ? J’avais comme une impression que mon corps essayait de me dire quelque chose mais que mon esprit ne voulait pas le reconnaître. Et cela me terrifiait. J’ai alors fait de petites expériences avec des partenaires des deux sexes. Mon but était de comprendre ce qui pourrait me correspondre. Je me sentais perdue, errant dans une voie que je n’arrivais pas à satisfaire. Avec les hommes, mon corps s’est mis à vibrer. Avec les femmes, ce n’était pas le cas.
C’était une période confuse pour moi, et ça l’est encore. En l’espace d’un an, je suis passé d’un homme hétérosexuel à une femme hétérosexuelle. Du moins, je pense que c’est ce qui s’est passé.
Le jour de mon introspection
Mon orientation sexuelle a-t-elle vraiment changé, ou m’a-t-il fallu quelques décennies pour le reconnaître ? Avant de comprendre qui m’attirait, devais-je d’abord comprendre qui j’étais ? Je savais qu’être homosexuel n’était pas forcément une bonne chose. J’ai donc supposé que j’étais un hétérosexuel. Mais il est clair que c’était plus compliqué que cela.
Pour moi, il est difficile de dissocier le sexe de l’orientation sexuelle. Quand j’imagine l’intimité avec un homme en tant que femme, c’est excitant. Quand j’imagine l’intimité avec un homme en tant qu’homme, ce n’est pas le cas. Si je change mentalement le sexe de mon partenaire, la perception de moi-même a également tendance à changer. Avec une femme, je me sens et j’agis davantage comme un homme, ce qui fait disparaître les picotements. A l’inverse, avec un homme, je prends naturellement le rôle de la femme et acquiers un corps de femme, et soudain l’excitation revient. A croire que hétéronormativité est profondément ancrée dans mon imagination.
Pour bien me comprendre, et compliquer encore les choses, tout cela se passe entièrement dans ma tête, là où il n’y a pas de phéromones pour modifier l’expérience. La scientifique qui est en moi a soif de données empiriques précises. Mais tant que je ne pourrai pas mettre en place une expérience contrôlée avec des partenaires multiples de sexe différent, je devrai me contenter d’écrire des articles sur ma propre introspection.
Je pourrais facilement m’expérimenter en essayant de comprendre l’interaction si complexe entre le sexe et le genre, mais ce que j’ai vécu tendrait à penser je suis complètement hétéro. Je suis une femme qui est sexuellement attirée par les hommes. Cela ne devrait pas être un concept si étrange, mais c’en est un.
Le jour de la révélation
J’essaie de vivre cette nouvelle identité de femme hétéro depuis quelques mois et je dois dire que ça me correspond. Je pensais devenir plutôt lesbienne au début de ma transition, mais cela n’est jamais arrivé. J’aime cette sensation d’être la fille hétéro dans mon groupe d’amies lesbiennes trans. En tout cas, j’aime à espérer que c’est vrai. J’ai l’impression que c’est le cas.
Durant ce voyage de transition et cette initiation, j’ai appris que je dois faire confiance à ce sentiment intérieur quand il me dit que quelque chose me semble juste.
Mais je ne cesse de me demander si c’est vraiment un changement ou si je découvre une vérité sur moi-même qui a toujours été présente. Quoiqu’il ait pu se passer lors de ma réflexion pendant mes années d’école, il semble que j’ai été assez marquée pour m’en souvenir vingt ans plus tard.
Je me souviens très bien des circonstances lorsque j’ai embrassé une fille pour la première fois. Mais l’émotion que cet événement m’a suscitée, pourtant bien réel, est moins présente que le souvenir où j’ai embrassé un garçon, même si ce n’est arrivé qu’une fois. J’arrive encore à ressentir le recul mental qui m’a envahi à ce moment. Il doit bien y avoir une raison tangible pour laquelle ce sentiment soit resté pendant si longtemps.
Je préfère dire aux gens que mon orientation sexuelle a changé pendant la transition entre les deux sexes. Par souci de simplicité peut-être. Mais évidemment c’est bien plus compliqué que ça. J’étais sûrement attirée par les filles avant de commencer à prendre des œstrogènes Ou alors j’étais peut-être envieuse et je vivais à travers elles par procuration. Je ne pense pas avoir aimé les hommes avant. Mais il est possible que l’idée d’être un homme gay était justement un fait que je n’aimais pas vraiment. Il est possible que je sois intéressée par le concept de masculinité mais la réalité ne serait pas à la hauteur de mes attentes. Une autre piste serait que j’aime me sentir femme et les hommes de mes fantasmes ne seraient que des accessoires déclenchant ce sentiment.
Ou peut-être que je ne suis qu’une fille hétéro et que je l’ai toujours été.
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